GNU-Linux sur smartphone

Si vous utilisez une distribution GNU-Linux sur votre ordinateur, vous vous êtes peut-être déjà demandé si votre téléphone portable pouvait également profiter d'un système d'exploitation libre. Si c'est le cas, cette page est faite pour vous !

Les sujets abordés sur ce portail ne concernent pas tous exclusivement Ubuntu, mais ils restent dignes d'un peu de "publicité".

Android et ses problèmes

Techniquement parlant, la plupart des téléphones reposent déjà sur un noyau Linux. Mais celui-ci est très lourdement modifié par les développeurs Android d'une part, et par les constructeurs d'autre part. En conséquence, lorsqu'une faille de sécurité est découverte (et rapidement corrigée sur Ubuntu), les constructeurs de téléphones n'ont pas la motivation d'appliquer les correctifs à toutes les versions du noyau qu'ils ont pu distribuer sur leurs modèles : en pratique, au-delà de quelques années, votre téléphone ne recevra plus de mises à jour de sécurité pour son noyau.1)

On peut aussi parler de respect de la vie privée : les outils et applications, y compris (surtout ?) ceux de Google présents par défaut, ne sont pas toujours respectueux des utilisateurs et de la confidentialité de leurs données. L'utilisateur n'a généralement même pas les droits d'administration sur sa propre machine !2)

On voit que :

  • la sécurité et la privauté ne sont pas respectées.
  • la présence d'un noyau Linux ne suffit pas à faire d'Android un système d'exploitation libre comme Ubuntu.
  • le développement des systèmes pour smartphones sont étroitement liés aux choix des constructeurs.

Pour améliorer en partie certains de ces problèmes sans pour autant changer de système d'exploitation, voir la section Alternatives.

Les débuts du marché du smartphone

Avant que l'hégémonie de Google et Apple sur le marché ne soit totale, les systèmes d'exploitations sur mobile étaient plus variés. Entre 2005 et 2014, beaucoup d'entreprises ont investi pour développer des tels systèmes (Windows Phone, BlackBerryOS, Symbian, …) et certains de ces systèmes étaient basés sur Linux (Android, HP/Palm webOS, Nokia Maemo).

Maemo a évolué en MeeGo, un système moderne et bien adapté aux écrans tactiles des smartphones, mais que Nokia abandonnera en faveur de Windows Phone puis d'Android.
Suites à leurs échecs, les systèmes comme webOS, Maemo, et MeeGo ont été abandonnés par leurs investisseurs, et leur code a été ouvert sous une licence libre. Leur maintenance continue à un rythme lent, souvent sous d'autres noms.
Meego notamment a servi de base à Tizen (un système développé par Samsung et Intel, distribué plutôt dans les pays en voie de développement) et à Sailfish OS (un système développé par un constructeur finlandais nommé "Jolla", mais hélas partiellement propriétaire).

Ascension et chute d'Ubuntu Touch

Appareils sous Ubuntu Touch

Débuté en 2013, le projet Ubuntu Touch avait pour but d'apporter Ubuntu sur smartphone. Pour cela, plusieurs logiciels ont été lancés :

  • Mir, un protocole d'affichage plus adapté aux terminaux embarqués ;
  • Unity 8 (stylisé unity8 ; aperçu ci-contre), un tout nouvel environnement de bureau qui aurait dû remplacer entièrement Unity 7 y compris sur ordinateur ;
  • De nombreuses applications plus adaptées au tactile.

Le développement d'unity8 a été lourdement ralenti par de nombreux problèmes techniques, tandis que les polémiques autour du protocole Mir ont refroidi certains enthousiastes. Quelques problèmes marketing ont aussi mis en péril la viabilité du projet, et les appareils compatibles, construits par une société tiers, n'étaient pas toujours satisfaisants.3)

La société Canonical a abandonné tous ces projets déficitaires en 2017 : la communauté UBports a repris le développement de manière bénévole, mais à un rythme hélas plus lent. À cette occasion, unity8 a été renommé Lomiri.

Initiatives des constructeurs depuis 2017

Les constructeurs de matériel spécialement pensé pour être vendu avec des distributions GNU-Linux se sont développés dans les années 2010, avec pour certains un investissement dans le développement des distributions. On peut citer System76 (et leur distribution PopOS basée sur Ubuntu), PINE64 (Manjaro, KDE Neon, …), et Purism (leur distribution PureOS est basée sur Debian).

En 2017, PINE64 et Purism ont lancé des campagnes de financement participatif pour un smartphone libre. Les deux campagnes seront couronnées de succès, respectivement pour :

  • le Librem 5 (Purism), assez haut de gamme, avec une interface nommée Phosh développée exprès, et basée sur les technologies GNOME ;
  • le PinePhone (PINE64), plus modeste, commercialisé avec l'interface Plasma Mobile développée par la communauté KDE.

Contrairement à Ubuntu Touch/Lorimi, ces projets reposent en grande partie sur des logiciels pré-existants et très bien maintenus, ce qui leur laisse présager un avenir plus durable.

En un peu plus d'une décennie, de nombreux systèmes d'exploitation mobiles ont vu le jour. Certains étaient libres dès le début, d'autres le sont devenus.

Nom Site Crée en Statut Basé sur Description
Firefox OS 2012 †2016
LuneOS (en) webOS basé sur le code de webOS lorsque celui-ci a été ouvert
Maemo 2005 †2010 Debian développé par Nokia
Maemo Leste (en) Maemo, Devuan version communautaire de Maemo
MeeGo 2010 †2011 Maemo et Moblin développé par Nokia et Intel
Mer MeeGo
Moblin †2009
Mobian https://mobian-project.org 2020 actif Debian
Nemo Mobile (en)
PostmarketOS (en) https://postmarketos.org 2017 actif Alpine Linux
PureOS https://pureos.net/ actif Debian développé par Purism pour leur modèle Librem 5
Sailfish OS https://sailfishos.org/ 2012 actif Mer développé par Jolla, partiellement propriétaire
Tizen https://tizen.org 2012 actif MeeGo développé par Samsung
Ubuntu_Touch (en) https://ubuntu-touch.io/fr 2013 actif Ubuntu Variante d'Ubuntu avec le bureau Lomiri ; page Wikipédia ;
abandonné par Canonical en 2017 mais repris par la communauté UBports

Beaucoup de ces systèmes ont été abandonnés par les entreprises qui les développaient, mais certaines se sont accrochées.

D'autres systèmes sont maintenus de manière communautaire, mais n'ont pas encore la qualité requise pour être utilisés au quotidien.

On pourrait considérer les interfaces listées ci-après comme les "environnements de bureau" possibles d'un système d'exploitation libre.

Les matériels compatibles n'ont pas tous les caractéristiques techniques nécessaires pour installer n'importe quoi : certaines distributions et leur(s) environnement(s) sont plus ou moins lourdes que d'autres. Renseignez-vous auprès des sites ou wikis des projets dédiés.

Vendu avec un système libre pré-installé

  • /e/ propose quelques modèles de téléphone portable entièrement basé sur le système libre Android, contenant que des logiciels libre, et sans les services Google
  • Iodé propose des smartphones neufs ou reconditionnés en France possédant leur propre version d'android débarrassée des logiciels espions de Google.
  • Librem 5 (PureOS avec Phosh)
  • PinePhone (Manjaro avec KDE Plasma)
  • BQ Aquaris E4.5 (Ubuntu Touch avec Lomiri)
  • Volla Phone vend ses téléphone au choix avec leur propre version dégooglisée d'android ou avec ubuntu touch
  • JingPad est une tablette compatible avec JingOS, système désigné à la fois pour tablette et desktop PC utilisant Plasma.
  • … TODO

Compatible si vous arrivez à installer

Les appareils Android reposant sur des drivers propriétaires intégrés au noyau de manière opaque, il est extrêmement difficile voire impossible d'installer un système libre sur un appareil existant, en dehors de quelques cas très spécifiques.

Les sites officiels des OS concernés fournissent généralement une liste d'appareils sur lesquels ils sont installables manuellement ainsi que les éventuelles fonctionnalités susceptibles de ne pas (ou mal) fonctionner.

Il est possible d'améliorer en partie la situation de votre téléphone existant avec des initiatives telles que :

  • Lineage OS, une version libre et en grande partie dégooglisée d'Android ;
  • /e/, un système d'exploitation basé sur Android entièrement dépourvu des services Google.
  • MicroG (en), une bibliothèque qui imite les services habituellement fournis par les bibliothèques Google, pour que les applications tierces se reposant dessus puissent continuer à fonctionner ;
  • F-Droid, un dépôt alternatif au PlayStore de Google, avec uniquement des applications libres.

1)
Source, qui explique également que Google est pleinement conscient du problème mais a beaucoup de mal à le juguler. À tel point qu'ils préfèrent même… développer un nouveau système de zéro !
2)
La pratique de "rooter" un téléphone repose sur l'exploitation de failles de sécurité non corrigées.
  • linux_sur_mobile.txt
  • Dernière modification: Le 16/06/2023, 12:35
  • par spnux